Réduire les émissions du transport routier : pas sans l’hydrogène !

Des collèges d’experts français et allemands tablent sur le « tout batterie » pour la décarbonation du transport routier lourd mais qu’en est-il de la réalité du terrain ? qu’en disent les constructeurs et les utilisateurs dans les deux pays ?
La Fédération allemande de l’industrie automobile (VDA) s’est exprimée pour rappeler que « les moteurs électriques à batterie, accompagnés de l’hydrogène – pile à combustible et moteur à combustion – sont essentiels pour atteindre la neutralité climatique ».
Et selon l’étude réalisée par NOW Gmbh sur le marché des technologies propres pour le transport lourd de marchandises, les constructeurs prévoient les ventes de 40 000 poids lourds à hydrogène en 2030 – moteur à combustion et pile à combustible.
Pour rappel, en Europe, l’association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA)11 a estimé qu’un besoin d’environ 400 000 véhicules lourds zéro-émission, dont 70 000 camions hydrogène serait nécessaire en 2030 pour respecter l’objectif de réduction de 45% d’émissions.
En France, France Supply Chain, la Coalition Retrofit et France Hydrogène se sont exprimés récemment dans une lettre ouverte adressée au gouvernement sur « le risque majeur que fait peser la limitation au « tout batterie » pour décarboner le transport routier lourd de marchandises et sur la capacité des transporteurs et des chargeurs à poursuivre efficacement leurs activités économiques dans le cadre du renforcement des régulations environnementales » >> lire la lettre ouverte
La mobilité à hydrogène répond aux contraintes opérationnelles spécifiques du transport lourd et intensif (fourgons, camions, bennes à ordures, autobus, autocars) : autonomie, capacité de chargement et puissance appelée importantes. Cette solution a été identifiée par les utilisateurs comme particulièrement pertinente pour les camions parcourant plus de 80 000 km par an pour la distribution régionale ou les long-courriers. En France, des camions mis à la route par @Hyundai ou @Hyliko circulent pour des transporteurs et des chargeurs, 150 camions sont en cours de déploiement à court terme.
Enfin, que ce soit en Allemagne ou en France, la mobilité hydrogène représente un fort tissu industriel ancré dans les territoires avec des capacités manufacturières et des champions industriels dans les deux pays contribuant ainsi à la souveraineté industrielle de l’Europe sur des secteurs stratégiques. En France, la chaîne de valeur mobilité routière hydrogène représente près de 50% des emplois de la filière, soit déjà 8000 emplois. Selon l’étude récente réalisée avec le cabinet BDO, si les conditions sont réunies, la mobilité hydrogène pourrait représenter 36 000 emplois d’ici 2035, et contribuer à hauteur de 3% à la réduction du déficit commercial français grâce aux capacités exportatrices de la filière.
Dans le cadre de la finalisation de la SNH et de la PPE, nous sommes dans l’attente d’un cap politique clair et engageant pour la mobilité routière lourde et intensive pour laquelle une offre existe (fourgons, camions, autobus, autocars, bennes à ordures) drainant toute une chaine de valeur française. Si l’on veut aller jusqu’au bout dans la décarbonation des usages en mobilité, on ne pourra pas le faire sans la contribution de l’hydrogène.