Devant la crise majeure traversée par la sidérurgie et la chimie européennes, obliger des industries en aval à utiliser des produits bas-carbone ne revêt pas qu'un enjeu climatique, mais de survie de l'industrie européenne.

Entre la lente agonie de son industrie ou la transition vers une industrie neutre en carbone et moins dépendante des énergies fossiles, L’Union européenne est à la croisée des chemins.


Pour s’engager vers cette seconde voie et concilier les impératifs climatiques et de compétitivité, elle doit tenir compte de : l’arsenalisation des politiques commerciales de la Chine ou des Etats-Unis ; nos dépendances aux ressources fossiles dans un contexte géopolitique incertain ; l’absence de compétitivité de la production de produits bas-carbone face à leurs contrefactuels carbonés. En parallèle de ce constat, il est crucial d’apprécier les enjeux de pouvoir d’achat des citoyens européens et l’incapacité des Etats à assumer seuls la charge financière de la transformation de notre système industriel et énergétique.

Dans ce contexte, France Hydrogène considère que la clé pour maintenir en Europe un socle d’industries de l’amont (sidérurgie, chimie de base) essentielles à notre souveraineté, réside dans la mise en place de marchés pilotes bas-carbone. En clair : imposer à certains secteurs en aval de la sidérurgie et chimie de base, d’utiliser des produits bas-carbone, sous peine de se voir appliquer des pénalités. Ces secteurs devront réunir deux conditions principales :

  • être capables de répercuter le surcoût lié à la décarbonation sur leur produit final dans une mesure acceptable sur le plan social. Par exemple, utiliser de l’acier bas-carbone pour la fabrication d’une voiture représenterait une augmentation du coût inférieure à 1%.
  • être un marché suffisamment massif pour que leur régulation entraîne des investissements dans la transformation des industries de l’amont. Par exemple, le secteur automobile représente 17 à 20% des débouchés de l’acier européen.

Souvent interprétés comme de nouvelles obligations sur des secteurs parfois déjà en crise (par exemple l’automobile), bien conçus ces marchés pilotes peuvent au contraire préserver voire renforcer efficacement la compétitivité des industries européennes.

Ces marchés pilotes bas-carbone ont été sur toutes les lèvres depuis plus d’un an à Bruxelles. Mais une première opportunité concrète a été manquée : malgré des appels d’une sidérurgie en crise, le Steel & Metals Action Plan ne prévoit aucun marché pilote pour l’acier primaire bas-carbone.

Avec l’Industrial Decarbonisation Accelerator Act, que la Commission européenne doit présenter au dernier trimestre 2025, il est indispensable de passer de l’incantation à la mise en place de mesures claires et massives. France Hydrogène partage ses propositions générales pour ce chantier européen, avec une focale sur l’acier et les engrais (FR/EN), ainsi que sa proposition détaillée sur les quotas d’acier bas-carbone pour l’industrie automobile (FR/EN).