La Stratégie française pour l’énergie et le climat a été publiée le 22 novembre par le ministère de la Transition énergétique et soumise à consultation jusqu’au 15 décembre. Ce document servira notamment de base au futur projet de loi sur la production d’énergie.
Philippe Boucly Président de France Hydrogène
Saluons l’exercice de planification mené par le Ministère de la Transition énergétique et du SGPE, fruit d’échanges et d’un travail collaboratif intense. Nous nous réjouissons de retrouver dans ce document la poursuite de l’effort engagé par la France depuis 2020 pour mettre en place une filière hydrogène française compétitive. En particulier, la confirmation du soutien à la production d’hydrogène renouvelable et bas carbone pour les usages industriels et de mobilité, et le déploiement autour d’écosystèmes de taille intermédiaire, dont nous avons démontré, en juin dernier, la valeur ajoutée dans notre Contribution à la Stratégie nationale hydrogène.
Nous sommes également convaincus de la nécessité d’anticiper dès à présent la planification et le déploiement des infrastructures de transport et de stockage d’hydrogène.
Quelques bémols cependant : outre la mobilité lourde, il nous semble important de considérer et de soutenir la mobilité intensive, dont certains usages ne pourront être satisfaits par la batterie seule et alors même qu’une offre industrielle française existe sur le segment du véhicule utilitaire léger. De plus, au-delà de 2030, une part très importante des besoins des filières concerne des carburants de synthèse et conduit à plus de 10GW de capacités installées, ce qui exige de concevoir une véritable stratégie française et des engagements clairs dans ce domaine.
Enfin, concernant les éventuels besoins d’importation, France Hydrogène mène actuellement une analyse pour définir à quel horizon de temps et dans quelles conditions économiques une partie des besoins pourra être couverte par des importations d’hydrogène ou de dérivés, et contribuera ainsi bien volontiers aux réflexions actuellement en cours.

Ce document présente donc une grande partie des hypothèses, objectifs et trajectoires sur lesquels les administrations des ministères concernés notamment au ministère de la Transition énergétique (MTE) et au Secrétariat Général pour la Planification Ecologique (SGPE) continuent d’évoluer. Parmi les sujets évoqués, celui de l’hydrogène décarboné est traité puisque le PNEC français y rappelle les objectifs de déploiement de l’hydrogène pour atteindre 6,5 GW de capacités de production en 2030 et 10 GW en 2035. Trois mesures relatives sont évoquées pour favoriser la production : un mécanisme de soutien à la production d’hydrogène décarboné par appels d’offres ; l’extension de la Taxe Incitative Relative à l’Utilisation des Energies Renouvelables dans le Transport (TIRUERT) qui fixera désormais « des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sous la forme d’un contenu carbone par MWh d’énergie utilisée dans le secteur des transports du puits à la roue plutôt que sous la forme d’un taux d’incorporation d’énergie renouvelable. » avec une réduction induite par le mécanisme de 11% en 2030 et de 16,8% en 2035 de l’intensité carbone couplée à un objectif d’utilisation d’énergie renouvelable par carburant ; une révision de la TIRUERT aviation pour s’adapter au règlement européen ReFuel Aviation qui impose une part d’utilisation de RFNBO pour tous les avions au départ de l’UE à hauteur de 1,2 % à compter de 2030   ; l’instauration d’une taxe ou d’un mécanisme Incitatif à la Baisse d’Impact Climatique de l’Azote (TIBICA/MIBICA) « pour encourager l’adoption progressive de solutions moins carbonées tout en instaurant une concurrence équitable entre les engrais produits en France et à l’étranger et en assurant un soutien aux pratiques agricoles vertueuses ». Le sujet des infrastructures de stockage et de transport de l’hydrogène est aussi abordé avec l’achèvement d’un tracé de réseau de transport prioritaire « à l’horizon 2026, ainsi que les options de réglementation afférentes envisageables. ». Cette réflexion autour des infrastructures portera par ailleurs sur le sujet des imports et évoque les difficultés liées au bouclage énergétique à horizon 2030 qui pousse le gouvernement à anticiper dès maintenant les structures d’importation d’hydrogène (ou de ses produits dérivés) post-2030.  Plus globalement, l’objectif serait d’atteindre d’ici 2030 une réduction de la consommation énergétique finale de 30% par rapport à 2012. A propos des énergies renouvelables, il est projeté d’ici 2028 une production de 35,1 à 44 GW issue du photovoltaïque, de 33,2 à 34,7 GW pour l’éolien terrestre ou encore de 5,2 à 6,2 GW pour l’éolien en mer. Pour le nucléaire des études doivent être menées à bien pour préciser les perspectives de fonctionnement du parc existant après 50 ans et après 60 ans et la SFEC confirme le programme de construction de 6 EPR.