Le 7 mars 2025, le gouvernement a lancé la consultation finale sur la troisième édition de la Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE 3) ; une étape cruciale dans la définition de la politique énergétique nationale pour la période 2025-2035.

Cette consultation s’est achevée le 5 avril 2025, marquant la dernière phase avant l’adoption définitive du texte par décret. Malgré la clôture de la consultation, la publication de la PPE se fait attendre.

Une concertation approfondie

La PPE 3 s’inscrit dans le cadre de la stratégie française pour l’énergie et le climat, visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. La préparation de ce projet a débuté en 2021, avec des modélisations techniques et des échanges avec des experts. Plusieurs phases de participation du public ont été organisées en 2022, 2023 et 2024. Ces contributions ont conduit à des ajustements significatifs du projet initial, notamment l’ajout de chapitres sur le suivi de la consommation énergétique et l’analyse des coûts du système électrique dans son ensemble

Les enjeux de la PPE 3

La PPE 3 vise à transformer le système énergétique français en conciliant plusieurs objectifs :

  • Décarbonation : réduire la part des énergies fossiles dans la consommation finale d’énergie, prévue pour atteindre 42 % en 2030 contre 60 % en 2022.
  • Souveraineté énergétique : renforcer la production nationale d’énergie, notamment à travers le développement des énergies renouvelables et le maintien du parc nucléaire.
  • Compétitivité : assurer des prix de l’énergie maîtrisés pour les consommateurs et les entreprises.

Perspectives

La version finale de la PPE 3 devait être adoptée par décret d’ici fin mars-début avril 2025, après examen par le Conseil supérieur de l’énergie. Ce texte doit constituer la feuille de route énergétique de la France pour la prochaine décennie, avec des implications majeures pour la décarbonation, l’emploi et la souveraineté industrielle. Ainsi, la consultation finale a permis de recueillir les dernières remarques des acteurs, contribuant à affiner un projet stratégique pour l’avenir énergétique du pays.

Le rôle de l’hydrogène dans la PPE 3 

Les propositions gouvernementales

Dans le cadre de cette troisième Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), le gouvernement a formulé plusieurs propositions :

  • Concernant les capacités de déploiement d’électrolyse, il est prévu un plafonnement un plafonnement de 4,5 GW à 2030, et de 8 GW à 2035.
  • Pour les carburants aériens de synthèse (eSAF) ; les objectifs de distribution sont fixés à 1,2% en moyenne sur 2030-2031, 2% en moyenne sur 2032-2034, et 5% en 2035.
  • En matière d’hydrogène et de ses dérivés dans les transports, la part des RFNBO (Hydrogène renouvelable et bas-carbone) dans la consommation énergétique finale des transports serait de 0,5% en 2030 et 1% en 2035.
  • Concernant la cible industrielle RED3, il n’y a pas de modification proposée : l’objectif actuel reste celui de 40% d’hydrogène renouvelable et bas-carbone sur l’hydrogène industriel d’ici 2030, conformément à l’article L100-4 du Code de l’Énergie.
  •  Enfin, pour les infrastructures de transport et de stockage d’hydrogène, aucune proposition ou objectif spécifique n’est mentionné à ce stade.

Les propositions de la filière : la volonté d’une trajectoire plus ambitieuse

Faisant suite aux propositions énoncées dans le texte, France Hydrogène, qui rassemble les acteurs de la filière, souligne que les objectifs gouvernementaux actuels sont insuffisants et qu’il est nécessaire d’adopter une trajectoire ambitieuse. Elle a ainsi publié ses propositions :

  • Capacités de déploiement d’électrolyse

France Hydrogène propose de fixer un objectif clair de 8 GW de capacités d’électrolyse à horizon 2035, en supprimant la notion de plafonnement, afin de garantir un cadre ambitieux et réaliste pour l’essor de la filière hydrogène ; un objectif maintenant cohérent avec la Stratégie Nationale Hydrogène révisée. En complément, l’association suggère de doubler cet objectif en matière de production, en visant 40 TWh d’hydrogène renouvelable et bas-carbone à l’horizon 2035.

  • Carburants aériens de synthèse (e-SAF)

Elle recommande des objectifs clairs pour la production domestique de ces carburants, avec un objectif de 1,2 % en 2030, 4,5 % en 2032 et 7 % en 2035.

  • Hydrogène et dérivés dans les transports

Il est proposé de maintenir l’objectif de 0,5 % d’hydrogène renouvelable et bas-carbone dans les transports à l’horizon 2030, en excluant toutefois les e-SAF, qui doivent être traités de manière spécifique. En complément, un double objectif est avancé : atteindre 1,25 % d’hydrogène renouvelable et bas-carbone d’ici 2030 et 6 % d’ici 2035, ou 3,7 % hors e-SAF. Cette proposition vise à aligner les ambitions françaises avec les projections du scénario de référence de RTE, qui sont significativement plus élevées que les objectifs actuels du gouvernement.

  • Transposition de la cible industrie RED3

Dans le cadre de la transposition de la directive européenne RED3 (énergies renouvelables), France Hydrogène souhaite la réaffirmation de la pérennité de l’objectif de 40% d’hydrogène renouvelable et bas carbone sur la totalité de l’hydrogène industriel en 2030, dans le dossier de presse accompagnant la PPE 3.

  • Infrastructures de transport et stockage d’hydrogène

Il est également proposé d’ajouter un article dédié au déploiement des infrastructures nécessaires. À l’horizon 2030, la filière est satisfaite de l’objectif visant à déployer 500 kilomètres de canalisations hydrogène mentionné dans la Stratégie Nationale Hydrogène révisée. Toutefois, à l’horizon 2035, non prévu par le texte, elle souhaite la mise en service de 3 TWh de capacités de stockage souterrain d’hydrogène, avec un réseau interconnecté.


Une publication de la PPE 3 qui prend du retard

La consultation s’est clôturée le 5 avril dernier, toutefois, la PPE 3 n’a pas encore été publiée. Alors que le débat sur la souveraineté énergétique est programmé dans les prochains jours dans les deux chambres, une vingtaine d’organisations et de fédérations professionnelles du secteur de l’énergie ont adressé une lettre ouverte aux parlementaires, appelant le gouvernement à publier le texte au plus vite. Elles estiment que le débat parlementaire ne doit pas retarder la publication de la programmation pluriannuelle de l’énergie pour les périodes 2025-2030 et 2031-2035, initialement prévue « courant avril ».