Selon une étude de l'ONG International Council on Clean Transportation (ICCT*), l'arrivée d'avions propulsés à l'hydrogène à partir de 2035 permettra de limiter les émissions de CO2, mais pas de réduire à eux seuls l'empreinte carbone du secteur aérien.

Pour cette étude, l’ICCT s’est penchée sur deux projets d’avions à hydrogène : un avion régional de type ATR-72 et un Airbus 320 Neo pour le transport moyen-courrier. Tous deux embarqueraient de l’hydrogène liquide. L’avion H2 serait plus lourd que son équivalent à moteur thermique en raison de la quantité de carburant à embarquer et aurait une moindre autonomie. Néanmoins, l’Airbus pourrait transporter 165 passagers sur 3 400 kilomètres, couvrant 71 % du marché des monocouloirs. L’avion régional pourrait accueillir 70 passagers sur 1 400 kilomètres, ce qui représente 97 % de son marché. Ensemble, ces avions pourraient prendre une part de marché de 31 à 38 % du transport de passagers dans le monde.

Si les vols longs-courriers ne peuvent être propulsés à l’hydrogène, notamment en raison du volume qui serait nécessaire à son stockage à bord, « les avions à hydrogène sont viables sur les vols court et moyen-courrier et pourraient pratiquement éliminer les émissions de CO2 », affirme l’ICCT. S’agissant des coûts, l’hydrogène vert liquide sera plus cher que du kérosène fossile, sauf si une taxe carbone le rend plus compétitif. Il devrait en revanche être plus abordable que l’e-kérosène ou l’hydrogène bleu. Même dans le scénario le plus optimiste (100 % des avions équipés), l’hydrogène n’aura qu’un impact limité. Il pourrait réduire de 628 millions de tonnes les émissions de CO2 en 2050 par rapport aux niveaux de 2035. Soit, 31 % des émissions. Les auteurs parient sur un taux d’adoption plus réaliste de 20 à 40 %, avec à la clé une réduction de 6 à 12 % des rejets de gaz à effet de serre.

Le secteur aérien a transporté 4,5 milliards de passagers en 2019, produisant 900 millions de tonnes de CO2, soit près de 3 % des émissions mondiales. Il devrait doubler d’ici 2050. L’ICCT table sur d’autres technologies, dont les carburants durables, des avions plus efficients et une régulation du trafic pour atteindre la neutralité carbone.

*Fondée en 2001, l’ONG a fait évoluer une cinquantaine de réglementations en lien avec le climat