Lors du dernier Conseil des ministres franco-allemand, en janvier, Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont évoqué leur vision commune à propos de l'hydrogène.

Dans une déclaration conjointe, visible sur le site de l’Elysée, la France et l’Allemagne ont d’abord confirmé leur volonté de monter un groupe de travail conjoint de haut niveau sur l’énergie, réunissant le ministère français de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et le ministère allemand fédéral de l’Économie et de la Protection du climat, et plus particulièrement la mise en place d’un groupe de travail conjoint sur l’hydrogène qui livrera d’ici fin avril des conclusions et recommandations sur les choix stratégiques à opérer en matière de développement de l’hydrogène. Dans le respect des différences entre leurs productions énergétiques nationales, les deux pays vont élaborer « une feuille de route stratégique commune visant à développer une production de l’hydrogène à grande échelle et à bâtir un marché européen de l’hydrogène résilient reposant sur la solidité de la production locale et la durabilité des importations nécessaires ». Signe de la réconciliation entre Paris et Berlin sur le nucléaire, ils veilleront à ce que « l’hydrogène renouvelable et bas-carbone puisse être pris en compte dans les objectifs de décarbonation fixés sur le plan européen, tout en restant conscients des différences existantes et en préservant le niveau d’ambition global des objectifs en matière d’énergies renouvelables ».

Mais, si en janvier, la France a réussi à obtenir de l’Allemagne qu’elle reconnaisse comme « durable » l’hydrogène produit à partir d’électricité nucléaire, aux côtés des énergies renouvelables, les négociations tombent à nouveau au point mort. La semaine dernière, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a réuni des journalistes afin de leur signaler qu’à Bruxelles, la position de l’Hexagone se heurte toujours à des résistances fortes malgré le deal entre le chancelier Olaf Scholz et Emmanuel Macron. « Derrière les accords politiques, les négociateurs allemands manifestent encore un refus net face aux propositions françaises dans les discussions à huis clos », rapporte La Tribune. Un autre un point dur reste à régler entre Paris et Berlin : celui de la réforme du marché de l’électricité. La France veut découpler les prix du gaz et ceux de l’électricité sur les marchés de gros, ce que l’Allemagne refuse. « La négociation qui s’ouvre à Bruxelles avec les autres Etats-membres s’annonce dure », peut-on lire sur cette déclaration commune.

Par ailleurs, la France et l’Allemagne comptent prendre également « les mesures nécessaires pour instaurer un cadre européen pour le transport d’hydrogène dans toute l’Europe, comprenant les infrastructures nécessaires aux niveaux national et transnational, notamment la connexion et l’extension des infrastructures existantes et projetées ». Le communiqué fait référence au projet d’hydrogénoduc H2Med entre Barcelone et Marseille, qui sera donc prolongé jusqu’en Allemagne en coopération étroite avec les partenaires concernés. « C’est un point crucial pour l’Allemagne, qui prévoit d’importer une grande partie de son hydrogène décarboné, faute de nucléaire et de capacités renouvelables suffisantes sur son territoire », pointe le texte. A noter que les deux pays ont l’intention de « créer conjointement une plateforme de dialogue franco-allemande portant sur les infrastructures en matière de recharge des batteries et de ravitaillement en hydrogène ».