« L’usine d’Allenjoie est livrée. Nous allons pouvoir maintenant installer les lignes de production dans les toutes prochaines semaines. » Sébastien le Pollès, Président de Gen’Hy

1. La construction de votre usine de membranes et d’électrolyseurs AEM est lancée. C’est une technologie qui se différencie des autres fabricants, pouvez-vous nous raconter la genèse de la société et pourquoi le positionnement sur cette technologie en particulier ?

Sébastien Le Pollès : « GEN-HY est issue d’un programme de recherche dual entre la Direction Générale de l’Armement (DGA) et FLEXFUEL ENERGY DEVELOPMENT (FFED), spécialiste de la dépollution moteur et des économies de carburant, autour de la dépollution par l’injection d’hydrogène dans les moteurs des navires de grande puissance civils et militaires. FFED a dû surmonter la contrainte de dépollution d’un moteur de frégate dans un environnement de port militaire et de production en utilisant une grande quantité d’hydrogène. Pour y répondre, FFED a développé sa propre membrane AEM (Anion Exchange Membrane). GEN-HY est un spin-off de FFED qui inclut cette brique technologique.

Il existe plusieurs procédés de production de l’hydrogène vert dont l’électrolyse de l’eau qui permet d’atteindre une haute pureté mais à un coût important. L’optimisation du process de fabrication d’hydrogène est une course vers le rendement afin que l’hydrogène ainsi produit devienne une alternative écologique et économique. Les électrolyseurs AEM mis au point par Gen-Hy intègrent notamment sa technologie unique de membranes AEM avec dépôts catalytiques sans matériaux rares, faisant de Gen-Hy la seule société au monde à produire l’intégralité des composants sous le même toit. Cette technologie brevetée permet de produire de l’hydrogène vert très pur et à faible coût, par électrolyse, avec des objectifs de rendement de 85% sur la phase 1 et de 90% sur la phase 2. » 

2. Le ministre de l’Industrie s’est rendu sur votre site jeudi 17 avril dernier pour annoncer la Stratégie Hydrogène révisée et le soutien de l’Etat à hauteur de 100 millions d’euros. Comment accueillez-vous cette décision, et quel rôle va jouer ce financement dans le déploiement de votre projet industriel ?

S.L.P. : « Nous sommes très heureux de cette décision qui nous permet d’envisager l’avenir avec sérénité.  

L’usine d’Allenjoie est livrée. Nous allons pouvoir maintenant installer les lignes de production dans les toutes prochaines semaines. Nous allons nous appuyer sur notre partenariat avec Eiffage Énergie Systèmes, ensemblier d’infrastructures énergétiques, qui va apporter ses capacités d’industrialisation en mettant à disposition son savoir-faire dans l’intégration produit-process, le lean manufacturing, la mécatronique et la maîtrise des risques, et en intervenant sur l’assemblage des stacks.

Nous allons également accélérer notre programme de R&D pour développer et industrialiser à grande échelle les futures générations de membranes AEM (Anion Exchange Membrane) sans polluants éternels. Nous allons pouvoir bénéficier des compétences reconnues de Saint-Gobain, partenaire de Gen-Hy, dans les céramiques et la production de polymères qui composent les membranes AEM et pouvoir explorer de nouveaux matériaux et procédés d’élaboration.« 

3. Comment ce projet redéfinit-il votre stratégie à moyen et long terme, notamment en termes de souveraineté industrielle, partenariats technologiques et positionnement sur le marché européen ?

S.L.P. : « Cette attribution va nous permettre d’accélérer le développement et la mise en production en série de notre technologie à haut rendement. La France réduit ainsi sa dépendance stratégique aux matériaux rares. Accompagnée d’Eiffage Energie Systèmes et de Saint-Gobain Solutions Haute Performance, Gen-Hy devient ainsi un acteur majeur dans la production d’hydrogène vert renouvelable pour accompagner la décarbonation de l’industrie, de la mobilité et des énergies.

Nous envisageons l’avenir de manière sereine car notre développement repose sur plusieurs produits. Nous ne fabriquons pas seulement des électrolyseurs, mais aussi des membranes, que nous proposons à d’autres producteurs, d’autres industriels, et des bancs standardisés de durée de vie capables de tester tous les types de technologies (membrane échangeuse de protons, technologie AEM, technologie alcaline).

L’usine sera en marche au 1er trimestre 2026, le premier électrolyseur devrait être livré fin 2025 avec une fabrication dans notre usine d’Orly. 

Le marché guidera la feuille de route pour la production mais l’usine pourra produire annuellement jusqu’à 350 électrolyseurs AEM (de 100 kW à 2 MW) dans sa montée en puissance.

Nous sommes sollicités chaque semaine pour des demandes de prix, à ce stade nous travaillons à industrialiser nos systèmes modulaires permettant de faire baisser les prix et les délais d’une manière significative (2 types de containers préfabriqués puis des modules de productions intégrés en fonction du besoin client). Les marchés seront tous ceux qui utilisent aujourd’hui de l’hydrogène gris et bien sûr la mobilité de part la modularité de nos électrolyseurs.

Gen-Hy est en discussion avec plusieurs clients potentiels, une première commande a été validée à ce jour au profit d’une station-service du sud de la France. »