France Hydrogène a conclu un partenariat avec Gesip, spécialisé dans la maîtrise du risque et la formation. Son expertise aidera notamment la filière hydrogène à préparer les standards en vue du déploiement des infrastructures de stockage et de transport.

Pouvez-vous d’abord nous expliquer ce qu’est Gesip ?

Il s’agit d’une association de type loi 1901 avec but lucratif, qui assure son auto-financement. Elle a été créée il y a 70 ans, suite à la rencontre de trois ingénieurs du secteur pétrolier, spécialisés dans la sécurité, et qui souhaitaient mettre en commun leur savoir-faire. C’est un point de rencontre entre industriels qui peuvent ainsi partager leur expérience de la maitrise du risque afin de progresser ensemble. Gesip dénombre 65 membres aujourd’hui. On peut y croiser des représentants du monde de l’énergie et de la chimie. La structure se distingue par un état d’esprit collaboratif.

Qu’est ce qui a conduit à ce partenariat avec France Hydrogène ? 

La filière hydrogène devient concurrentielle et entend se déployer. Mais, elle doit s’assurer de bien maîtriser les risques inhérents à ce type d’activité, comme c’est le cas d’ailleurs pour toutes les nouvelles énergies. Et c’est là que GESIP peut apporter son expertise et son accompagnement. Nous collaborons par exemple avec le BARPI (Bureau d’Analyse des Risques et Pollutions Industriels) qui dépend de la Direction générale de la prévention des risques au ministère de la Transition écologique. Cet organisme compile une base de données qui contient plus de 50 000 accidents industriels. Parfois, des idées brillantes sont stoppées dans leur élan par des accidents industriels très médiatisés. C’est ce qui s’est passé par exemple en France pour la filière GPL, en 1999. Avant même l’annonce d’un partenariat, lors de l’Assemblée générale du 7 décembre, nous avions déjà commencé à collaborer avec France Hydrogène autour des sujets techniques et de la formation.

 Et vous connaissez déjà ce domaine…

Oui, car l’industrie pétrochimique, par exemple, utilise déjà l’hydrogène dans certains procédés industriels. Et elle est sensibilisée aux risques de fuite. L’objectif est bien de marier les compétences, celle des membres de France Hydrogène qui vont produire l’hydrogène sous toutes ses formes, et celles de Gesip sur la sécurité industrielle. Nous proposons par exemple des formations sur les situations de crise, avec des simulations de feux, y compris sur des véhicules mais également des exercices de l’ensemble de la chaine de commandement lors d’une gestion de crise. Nous disposons pour cela de deux installations en France : le site d’une ancienne raffinerie à Vernon (Eure), et à Le Péage-de-Roussillon (Isère) dans une ancienne usine de parapharmacie. Elles servent également pour l’entraînement des pompiers. Précisons au passage que Gesip est également agréé pour le développement de produits d’extinction.

Alors que l’on parle de plus en plus de pipelines, comment pouvez-vous aider la filière ?

Les industriels réunis au sein de Gesip viennent en partie du gaz et connaissent bien les pipelines. Ils sont particulièrement au fait des problèmes de corrosion. Notre structure est amenée à participer à l’élaboration des standards techniques, en lien avec l’administration. Elle s’intéresse aussi à l’intégrité des ouvrages. Gesip publie régulièrement des ouvrages, comme par exemple un Guide sur la Surveillance, Maintenance, Inspections et Réparations des canalisations de transport. On a notre mot à dire sur les futurs ouvrages qui feront transiter de l’hydrogène sur de longues distances, dès lors qu’ils passent par les terres.

Le travail a donc déjà commencé ?

Oui, Gesip se rend aux réunions techniques de France Hydrogène et inversement notre nouveau partenaire se rend à nos réunions trimestrielles. La collaboration se fait par exemple sur les groupes de travail autour des canalisations et du mélange entre le gaz naturel et l’hydrogène. J’ajoute que nous publions aussi un guide sur l’entrée des véhicules dans les atmosphères explosives. Cet ouvrage traite surtout des camions au GNV. Mais, il va s’étendre aux poids-lourds électriques, qu’ils soient à batterie ou à pile à combustible. Notre objectif est d’accompagner les acteurs et de faire en sorte que la filière hydrogène puisse se développer, en ayant une bonne maîtrise des risques industriels.