Le 16 avril dernier, la révision attendue de la Stratégie Nationale Hydrogène (SNH II) a été officiellement publiée par le gouvernement. Cette mise à jour, très attendue par les acteurs de la filière, intervient dans un contexte de clarification des priorités industrielles et énergétiques de la France. A travers le texte, l’objectif est d’actualiser la stratégie française, notamment au regard du déploiement de la filière

Elle reconfirme les moyens alloués (9 milliards d’euros d’ici la fin de la décennie), tout en redéployant l’action publique autour de cinq priorités : la production d’hydrogène décarboné, la décarbonation de l’industrie des transports aérien et maritime, de la mobilité routière lourde et intensive, l’essor des infrastructures de transport et la structuration de la chaîne de valeur.

A la suite de cette publication, deux appels à projets portés par l’ADEME ont été lancés simultanément : l’un consacré à l’acquisition de véhicules utilitaires légers (VUL) à hydrogène, l’autre dédié à l’innovation et à la démonstration technologique dans le domaine.

Ces dispositifs traduisent concrètement les orientations de la SNH II, en soutenant d’une part des usages à fort potentiel et, d’autre part, l’émergence de solutions technologiques innovantes. Pour la filière, ils constituent autant d’opportunités de structuration et de montée en puissance.

Soutenir les usages : l’appel à projets VUL H2

Evoqué dans la SNH II et publié le 17 mai 2025, l’appel à projets VUL H2 vise à accompagner l’acquisition de véhicules utilitaires légers à hydrogène à pile à combustible, à destination des flottes professionnelles de transport de marchandises ou de voyageurs. Doté d’une enveloppe de 15 millions d’euros, le dispositif s’adresse à une large typologie d’acteurs, publics comme privés.

Les véhicules éligibles doivent être neufs, de catégorie N1 ou M1, équipés de réservoirs de type IV fonctionnant à 700 bars, et afficher une charge utile comprise entre 1 000 et 1 400 kg. Le nombre minimum de véhicules par projet est fixé à dix unités. L’aide peut atteindre 30 000 euros par véhicule, dans la limite de 100 % du surcoût par rapport à un équivalent thermique.

Les candidatures doivent être déposées avant le 27 juin 2025, ce qui laisse très peu de temps aux porteurs de projets. Les projets seront sélectionnés selon un critère simple : le montant d’aide publique par véhicule, avec pour objectif d’optimiser l’efficacité budgétaire.

Un webinaire d’information, organisé le 4 juin par France Hydrogène, la Plateforme Automobile (PFA), CCI France et France Supply Chain, est venu préciser les contours de cet AAP. Il a permis de rappeler les exigences techniques, les conditions d’éligibilité et les obligations post-acquisition. Le replay est disponible en suivant ce lien.

L’enjeu est double : tester l’appétence du marché pour les VUL à hydrogène, tout en envoyant un signal aux constructeurs. Comme l’a souligné Jean-Luc Brossard, représentant de la PFA « cet appel à projets peut permettre d’amorcer un vrai marché« , à condition d’y associer l’ensemble de l’écosystème.

Favoriser l’innovation : l’appel à projets IDH2

En parallèle, l’ADEME a lancé le 6 mai un second appel à projets, intitulé « Innovation et démonstration hydrogène » (IDH2). Celui-ci vise à soutenir le développement de briques technologiques et la mise en œuvre de démonstrateurs, et s’inscrit ainsi comme un prolongement actualisé  « AAP Briques technologiques » de la SNH de 2020.

Structuré autour de quatre axes, le dispositif couvre : les briques technologiques : composants ou systèmes innovants (Axe 1), la mise en place de pilotes ou premières commerciales dans les secteurs industriels ou énergétiques (Axe 2), la conception de nouveaux véhicules hydrogène (Axe 3), l’écoconception et la recyclabilité des systèmes (Axe 4).

Les projets peuvent être portés par des entreprises seules ou en consortium, en lien avec des laboratoires ou collectivités. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 25 septembre 2026, avec deux relèves intermédiaires prévues fin septembre 2025 et avril 2026. L’ADEME se réserve la possibilité de clore l’appel plus tôt, selon la mobilisation budgétaire constatée.

Ce dispositif s’inscrit dans une logique de structuration de la chaîne de valeur, en permettant à des innovations de passer de la phase de R&D à la démonstration en conditions réelles. Il vise également à répondre aux enjeux de souveraineté industrielle en renforçant les capacités françaises en matière de piles à combustible, électrolyseurs, systèmes embarqués ou solutions de stockage.

La publication conjointe de ces deux appels à projets marque une étape importante dans la mise en œuvre de la stratégie nationale. Elle illustre une approche cohérente du développement de la filière hydrogène, qui articule soutien à la demande, structuration industrielle et innovation.