5 ans seulement après sa création, la PME nantaise issue du CEA-Tech est entrée en bourse. Et elle multiplie les projets autour de l’hydrogène vert.

Vous avez levé 110 millions d’euros lors de votre entrée en bourse. Etes-vous satisfait de ce résultat ?

Oui, c’est un super signal malgré des conditions difficiles sur les marchés financiers. Les investisseurs qui nous ont rejoint ont une vision long terme et croient en la croissance verte. C’est donc encourageant pour les acteurs qui se lancent dans le renouvelable. Lhyfe a su constituer tout un ensemble de partenariats, l’un des derniers en date étant celui conclu avec EDP Renewables (EDPR), le quatrième producteur mondial d’énergie éolienne. Grâce à ces fonds levés en bourse, nous allons pouvoir dupliquer sur d’autres sites notre savoir-faire, étrenné à l’usine de Bouin en Vendée. Nous sommes présents dans 10 pays et avons plus de 90 projets.

Est-ce que les projets vont assez vite pour vous en France ?

Les choses semblent aller plus vite en Allemagne, dans les pays scandinaves, l’Amérique du Nord et la Chine. Mais, la France a tous les atouts pour déployer de l’hydrogène vert. Elle a la seconde surface maritime en Europe et il y a toujours du vent au large des côtes. Ce que j’observe, c’est qu’il y a un engouement pour l’hydrogène en mer avec de nombreux appels d’offres. Songez qu’il faudrait à peine 4 % de la surface maritime en Europe pour produire de quoi remplacer le gaz russe.

Vous pensez naturellement à l’éolien off-shore ?

Depuis sa création en 2017, Lhyfe a une vision basée sur la production d’hydrogène, avec des électrolyseurs directement reliés aux éoliennes. Et ce que nous avons fait en Vendée était juste un début. C’est une installation en bord de mer, à 50 mètres de la côte, qui fonctionne avec du vent de mer et dans un environnement salin. Mais, à terme nous utiliserons des éoliennes en mer. Aujourd’hui, l’éolien off-shore intéresse surtout les pays nordiques, où nous avons les deux tiers de nos projets. Mais, il y a aussi une demande en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et en France. Le potentiel est énorme dans l’hexagone, que ce soit avec de l’éolien posé ou flottant.

Il y aura assez d’hydrogène vert pour satisfaire les besoins ?

La France pourra s’offrir sa transition énergétique. Notre rôle, en tant que champion de l’hydrogène vert, est de pouvoir devenir exportateur et donc d’aider les pays qui en ont besoin. Oui, l’Europe a les atouts pour produire cet hydrogène en mer, ne serait-ce qu’en Norvège avec la mer du Nord. Bien sûr, le plan RepowerEU prévoit des importations, mais il faut d’abord privilégier la souveraineté dans chaque pays. C’est ce que font par exemple l’Allemagne et la France. Lhyfe plaide pour la souveraineté énergétique, même si c’est plus cher chez nous qu’en Espagne pour le moment.  

Quel rôle pensez-vous jouer dans l’écosystème, que ce soit en France ou ailleurs ?

Nous sommes un pionnier dans la production d’hydrogène vert. Et nous avons montré qu’il était possible de se connecter directement aux énergies renouvelables. Notre conviction est que le réseau électrique ne pourra pas tout faire, et que l’hydrogène permettra justement de stocker et de transporter de l’électricité verte. L’hydrogène va permettre de décarboner l’industrie et la mobilité, avec des coûts moindres que l’installation de lignes à haute tension. Le tuyau est moins cher que le câble. De plus, avec l’éolien off-shore, nous allons pouvoir étendre la dorsale européenne avec des pipelines sous l’eau.

Honnêtement, vous pensiez en arriver là lors de la création de votre start-up ?

On ne pensait pas que cela irait si vite. L’adoption de la technologie a été exponentielle, grâce à sa maturité et au faible coût des énergies renouvelables. Si la conscience climatique était déjà là, nous avons été bien aidés par la pandémie du Covid et le conflit en Ukraine. Ces facteurs ont joué le rôle de catalyseurs pour intensifier la demande en hydrogène vert.