McPhy s'installe dans un nouveau siège social à Grenoble qui rassemble également une usine de production de stations et un centre de R&D. Une étape symbolique pour la société, dont le projet de gigafactory a par ailleurs été validé à la fois par l’Etat Français et la Commission européenne. Le Directeur Général de la société répond à nos questions.

Est-ce le signe que la société prépare le passage à l’échelle ?

C’est clairement la traduction d’un passage à l’échelle industrielle, d’une montée significative en capacités de production. Le nouveau siège permet de regrouper des équipes qui étaient auparavant réparties sur plusieurs sites. Le transfert marque par ailleurs un ancrage durable au sein de la région Auvergne-Rhône-Alpes, où notre histoire a débuté. McPhy change de taille, tout en préservant l’agilité qui a fait son succès et sa compréhension des acteurs de la filière. Nous allons pouvoir mieux les accompagner avec une autre dynamique et surtout une approche plus industrielle. La montée en cadence et de nouveaux process vont améliorer la satisfaction de nos clients.

Alors que la cadence va s’intensifier en matière de production de stations, quel regard portez-vous sur le développement de la mobilité hydrogène ?

Les récents événements géopolitiques ont malheureusement chamboulé la conception que l’on pouvait se faire de la stabilité des énergies. En même temps, c’est une opportunité pour le secteur de l’hydrogène. La crise ukrainienne a permis de lancer le plan RePowerEU avec ses déclinaisons nationales. On perçoit bien les enjeux, car un grand nombre d’acteurs se saisissent des problèmes de mobilité hydrogène, que ce soit pour la mobilité lourde sur les routes, dans le ferroviaire et même l’aviation. Dans la mesure où le transport joue un rôle majeur dans les émissions de gaz à effet de serre, l’hydrogène est un levier pour décarboner le secteur, en procurant de grandes autonomies et un temps de charge rapide. J’ajoute que la décision de l’Europe d’avoir d’une station tous les 100 km est un signal fort pour la filière hydrogène.

Vous bénéficiez aussi de la dynamique en région AURA ?

En effet, nous sommes l’un des acteurs du projet Zero Emission Valley (ZEV), avec des stations qui seront bientôt mises en service, comme à Clermont, Vénissieux et Saint-Egrève. La région AURA a joué un rôle de pionnier dans le déploiement d’une infrastructure de recharge hydrogène. C’est un choix courageux qui a permis à tous les partenaires d’avoir un retour d’expérience.

McPhy continue d’investir dans son outil industriel, comme sur son site italien par exemple. Comment voyez-vous le développement du marché des électrolyseurs ?

Nous allons déployer une nouvelle ligne automatisée à San Miniato dans quelques mois. Elle nous permettra d’être encore plus efficaces et de répondre aux besoins de l’industrie, qui recherche un moyen immédiat de décarboner ses activités. Ce que l’on observe, c’est une effervescence autour de l’hydrogène vert. De plus en plus de fonds d’investissements s’intéressent aux grands projets industriels et injectent des moyens financiers conséquents, alors qu’ils étaient réticents il n’y a pas si longtemps. Ce n’est pas toujours facile d’être un pionnier, mais le marché donne raison à notre démarche de production d’hydrogène bas-carbone.

Comme d’autres acteurs français, McPhy a été sélectionné dans le cadre des IPCEI par la France et l’Europe. Pouvez-vous nous parler de votre future gigafactory ?

La décision finale sera prise dans les jours qui viennent. Nous avons à ce jour reçu la notification de l’Etat français dans le cadre du PIIEC et nous devrions contractualiser très bientôt avec la BPI. Mais, au sein d’une société cotée, il y a des règles et le Conseil d’administration doit se prononcer. Ce qu’on peut dire, c’est que les conditions sont réunies et qu’il y a un niveau de confiance assez élevé sur ce projet. McPhy a acheté le terrain et a anticipé certains travaux.

Plus globalement, avez-vous le sentiment que la filière se structure en Europe et que l’hydrogène peut jouer un rôle majeur dans la décarbonation ?

La filière se structure. Nous observons aussi un passage à l’échelle chez certains acteurs en Europe. Nous sommes aujourd’hui un des leaders du marché et notre rôle est d’accompagner nos clients, tout en faisant preuve de pédagogie sur l’hydrogène et sa capacité à répondre aux enjeux environnementaux. En passant au stade industriel, et à la pointe de l’innovation, McPhy va pouvoir répondre à des demandes ambitieuses, à la fois de la part des Etats mais aussi de l’Europe qui vise une capacité de production d’hydrogène de 10 millions de tonnes par an, nécessitant environ 80 GW d’électrolyse.