Avec plus de 300 exposants (+ 30 % par rapport à 2021), dont 18 % d’internationaux, le salon de référence de la filière hydrogène a fait aussi le plein de visiteurs et d’annonces. Et l’année prochaine, il se tiendra au Parc des expositions de la Porte de Versailles (1er et 2 février 2023) avec des ambitions encore plus grandes.

1. L’actu de France Hydrogène

Partenaire de l’événement, l’association en a profité pour annoncer un certain nombre d’initiatives, en particulier sur le front de l’emploi et des compétences, ainsi que dans l’accompagnement des entreprises. Hyvolution 2022 était d’abord l’occasion pour France Hydrogène de mettre à jour son « Panorama des solutions Hydrogène », disponible sur le site. La précédente version avait été présentée en octobre dernier dans le cadre de ce même événement. A de multiples reprises, le président de l’association, Philippe Boucly, a pris la parole à travers des conférences relayées par Hyvolution TV. Il a notamment partagé l’affiche de la table ronde « Une stratégie à la hauteur des enjeux », avec Hoang Bui, Coordonnateur de la stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné ; Marie-Guite Dufay, Présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté ; et Jean Baptiste Lucas, Directeur Général de Mc Phy.

France Hydrogène a signé le premier jour du salon sur son stand une convention de partenariat avec l’AFPA. Les deux parties s’engagent pour co-construire avec les entreprises les ingénieries de formation qui permettront de répondre aux besoins en compétences des métiers au travers de la mise en place d’incubateurs H2. Les filières métiers prioritaires retenues sont le secteur de la transformation des métaux et le secteur de la maintenance industrielle. Dans une 2ème phase, le secteur du transport routier ainsi que celui du secteur de l’électricité industriel seront adressés. Pour les emplois traditionnels de l’industrie tels que soudeurs, chaudronniers, usineurs, opérateurs de production, concepteurs, les tensions sur l’emploi s’exacerbent. Pour ces métiers, il s’agit de renforcer certaines compétences autour des risques, de la sécurité, du respect strict des procédures, voire de techniques spécifiques liées aux matériaux utilisés. Les emplois de techniciens en revanche sont davantage impactés par des changements en profondeur. « « Les incubateurs sont construits et ajustés in vivo avec les futurs employeurs sur plusieurs territoires en fonction de leurs besoins permettant de confronter les idées à la réalité du terrain », a précisé Pascale d’Artois, Directrice générale de l’AFPA. « Des tensions se font déjà sentir sur certains métiers nécessaires aux industriels de la filière. Il faut donc répondre immédiatement et sur le long terme à ces besoins en compétences et en qualification », a souligné pour sa part Philippe Boucly. Alors que plus de 100 000 emplois directs ou indirects sont attendus en 2030, et que 3 500 emplois sont recensés à ce jour, plus de 84 métiers ont été identifiés pour le secteur de l’hydrogène.

L’autre annonce majeure concernait un partenariat avec CCI France, qui s’associe à France Hydrogène pour permettre aux PME de saisir toutes les opportunités du développement de la filière hydrogène dans les territoires. Les objectifs de la collaboration sont de : sensibiliser les PME aux enjeux et opportunités du déploiement de la filière hydrogène, dans laquelle ces PME pourront trouver un relais de croissance et/ou des solutions utiles pour leurs usages propres ; associer les PME et le tissu économique local au développement de la filière hydrogène ; identifier et faire remonter aux pouvoirs publics les besoins des PME en matière de déploiement des usages de l’hydrogène. « Les CCI ont un rôle à jouer dans les territoires, pour favoriser et promouvoir l’émergence de nouveaux acteurs et projets indispensables à la massification des usages et de la production de l’hydrogène. Notre collaboration avec France Hydrogène va nous permettre collectivement d’accélérer le mouvement et faire de l’usage de cette énergie une tendance de fond », a commenté Alain Di Crescenzo, Président de CCI France.

Le salon a permis à l’association de révéler aussi les premiers lauréats de l’Index H40. En mars dernier, la Task Force Hydrogène du MEDEF International et France Hydrogène lançaient officiellement l’Index H40, le premier index français des start-up et small caps de l’hydrogène. Une initiative soutenue par John Cockerill, Natixis, Capgemini Invent et GL events. Lors de la première journée du salon, Anne-Francoise Laime (John Cockerill), Antoine Trieux (Natixis) et Benoît Calatayud (Capgemini) ont annoncé la sélection des premiers lauréats. Il s’agit de 45-8 ENERGY, Haffner Energy, ATAWEY, FillnDrive, Bulane Hydrogen Cleantech, H2SYS et HELION Hydrogen Power. Rappelons que l’Index H40 est ouvert à toutes les start-up et small caps de l’hydrogène, de plus de 3 salariés et dont la capitalisation n’excède pas les 250 M euros. L’admission est soumise à l’approbation d’un comité de sélection composé des membres fondateurs.

Enfin, les inscriptions sont ouvertes pour la 9e édition des « Journées Hydrogène dans les Territoires » du 5 au 7 juillet 2022 au Parc des expositions de Rouen. L’événement est organisé par France Hydrogène, la Région Normandie et la Métropole Rouen Normandie avec le concours de Normandie Energies, Normandie Maritime, Logistique Seine Normandie et NAE. Le mot d’ordre de ces journées nationales : faire entrer l’hydrogène comme sujet de société dans le quotidien des Français. Plus de 700 participants sont attendus à Rouen pour ce rendez-vous annuel incontournable destiné aux acteurs de la filière.

2. L’actu de la filière hydrogène

AAP écosystèmes hydrogène : 18 projets présélectionnés

Sans donner le nom des lauréats, l’ADEME a révélé à HyVolution le nombre de projets présélectionnés par ses soins dans le cadre de l’appel à projets écosystèmes territoriaux de l’hydrogène. « Cet appel à projets a connu un vif succès, avec une demande d’aide totale très supérieure au budget disponible », écrit l’agence dans un communiqué. Ainsi, sur les 59 projets candidats à la dernière clôture, une première phase d’analyse a permis d’écarter les 41 projets répondant le moins aux critères de l’appel à projets. Et 18 ont été présélectionnés pour une instruction approfondie par l’ADEME. Ces derniers, sous réserve qu’ils soient définitivement retenus sur la totalité de leur périmètre, pourraient représenter de nouvelles capacités de production d’hydrogène à partir d’électricité, équivalentes à 51 MW d’électrolyse; 38 nouvelles stations de distribution d’hydrogène; le déploiement de plus de 440 véhicules lourds et plusieurs centaines de véhicules utilitaires pour des usages en mobilité professionnelle ; plus de 7500 tonnes d’hydrogène distribuées par an, essentiellement par ces stations-services, permettant ainsi de réduire l’équivalent de 75 000 tonnes de CO2/an. Le montant d’aide attribuée à chacun de ces projets dépendra de l’instruction approfondie. Le montant d’aide alloué pour cette clôture pourra s’élever jusqu’à environ 180 M€. Tous les crédits alloués à cet appel à projet seront ainsi consommés. Un nouvel appel à projets pourrait être relancé dans les mois qui viennent dans le cadre de France 2030.

Gen-Hy choisit le Pays de Montbéliard pour implanter une usine d’électrolyseurs

Il n’y a pas que McPhy à Belfort ! Issue de la société FlexFuel Energy Development, la start-up Gen-Hy développe une nouvelle génération d’électrolyseurs utilisant des membranes AEM (Anion Exchange Membrane). Ce produit est le fruit d’une collaboration de 5 années avec des laboratoires français et l’appui de la DGA (Direction Générale de l’Armement).  Et la société a choisi le Pays de Montbéliard pour produire ses électrolyseurs. Les stacks AEM ZERO GAP de Gen-Hy combinent les avantages des technologies alcaline et PEM (Proton Exchange Membrane), atteignant une efficacité énergétique de plus de 85%, sans utilisation de métaux rares. Il n’existe à ce jour que 7 producteurs de membranes (toutes technologies confondues) au monde, aucun en France. La future usine de production va générer 120 emplois d’ici 2025. L’usine, qui à terme atteindra 8 000 m2, sera construite sur une parcelle de 4 ha par la SEM PMIE (Pays de Montbéliard Immobilier d’Entreprises) et opérationnelle courant 2023. L’investissement s’élève à 15 M€. C’est à l’occasion de l’inauguration du pavillon collectif Bourgogne-Franche-Comté sur le salon HyVolution que Gen-Hy a choisi d’annoncer la nouvelle, en présence de la Présidente de la région Marie-Guite Dufay.

Michel Delpon lance le Club Vision hydrogène

Le député de Dordogne, Président du groupe d’étude hydrogène de l’Assemblée nationale, annonce sur HyVolution un nouveau think tank. Plus que jamais Michel Delpon s’implique dans la filière. La vocation du Club Vision hydrogène est de fédérer et d’engager collectivement des acteurs pluri- disciplinaires issus des territoires, de l’économie, du monde associatif, de la recherche et de l’innovation. La volonté est d’agir ensemble pour accélérer le déploiement de l’hydrogène vert. Pour le député, c’est un sujet « d’intérêt sociétal ». « Ce déploiement repose sur l’acceptabilité et au-delà sur la massification des usages. Il permettra de donner accès à une énergie abondante et écologique au plus grand nombre, y compris aux personnes en grande précarité et de contribuer au développement d’un progrès responsable et durable », déclare-t-il. Président de ce think tank, Michel Delpon est entouré d’un délégué général : Gilles Berhault et d’une responsable des programmes : Corinne Chauffrut.

Mob-ion & Pragma s’allient dans le scooter à hydrogène

A l’occasion du salon HyVolution, les deux sociétés annoncent leur partenariat. Elles vont développer en commun une version hydrogène du scooter électrique connecté AM1 de Mob-ion. C’est une surprise, car Mob-Ion communiquait il n’y pas si longtemps avec STOR-H, la filiale d’Aaqius. Tous deux avaient d’ailleurs présenté leur projet au congrès Horizons Hydrogène, les 29 et 30 novembre dernier. Mais, des difficultés ont empêché d’aller plus loin. Cela n’a pas dissuadé Mob-Ion qui souhaitait de toute façon sortir un scooter à hydrogène. Quoi qu’il en soit, c’est Pragma Industries qui va collaborer sur la version hydrogène de l’AM1, un scooter connecté AM1 garanti 4 ans ou 60 000 km, et conçu pour durer. Elle va fournir une pile à combustible et une bouteille contenant 6,8 kg d’hydrogène pour procurer une autonomie d’au moins 150 km. La société fondée par Pierre Forté s’est fait connaître à travers les vélos et les triporteurs. Elle veut se diversifier dans les scooters et ce partenariat avec Mobi-Ion lui permet d’aborder ce nouveau marché dès 2023. Comme l’explique le Président de Pragma, « le scooter à hydrogène fait sens pour la livraison et évite le problème du déploiement de bornes ou de système d’échange de batteries, et il justifie encore plus l’installation de stations mutualisées où l’on peut faire le plein à la fois de vélos et d’autres véhicules ». Un concept qui va dans le sens de ce que préconise Atawey… Au-delà de ces collaborations sur des véhicules, Pragma veut par ailleurs créer des écosystèmes de mobilité H2 complets, incluant du sourcing d’hydrogène décarboné, des bornes de distribution d’hydrogène et des services associés.

Mike Horn se lance dans la mobilité hydrogène

Sous le nom Inocel, l’aventurier lance une structure qui vise à proposer des solutions hydrogène clés en mains pour la mobilité terrestre et maritime. A l’origine, Mike Horn s’était impliqué dans un projet (Gen-Z) avec le CEA pour développer un buggy à hydrogène en vue du Dakar. Mais, il a constaté que le potentiel était bien plus grand que ce simple projet sportif. C’est ainsi qu’un nouvel acteur de la pile à combustible de haute puissance et à haute performance est né. Basée à Grenoble, la société Inocel a été cofondée avec Mauro Ricci, le créateur du groupe Akka Technologies (un acteur réputé de l’ingénierie dans les transports). Toujours en lien avec la technologie du CEA, l’idée est de développer des piles à basse température innovantes, mais aussi des solutions complètes dans l’hydrogène. Inocel cible la mobilité terrestre (compétition automobile, camions) et maritime. Dans un second temps, il y aura aussi des groupes électrogènes pour des applications stationnaires.

La compétition hydrogène sur Hyvolution

Entre MissionH24, le buggy de GCK et le moteur à hydrogène d’Oreca, les solutions ne manquent pas pour préparer la transition énergétique en compétition auto dans les allées du salon. Le premier jour du salon, une table ronde a permis de parler des 24h du Mans (avec l’ACO et GreenGT) et du Dakar (avec GCK), sous le contrôle de la FIA. Il était question de pile à combustible et de zéro émission. Mais, il existe également une alternative : celle du moteur à combustion qui brûle de l’hydrogène. Précisément, ORECA Magny-Cours et son partenaire FEV France présentaient cette solution au salon. Développée en vue du Dakar, elle a suscité un vif intérêt. Le moteur ICE H2 est un projet labellisé par le Pôle Véhicule du Futur et soutenu par la Région Bourgogne-Franche-Comté.

Une grande station évolutive chez Atawey

Après l’annonce de la mise sur le marché le 2 mai de sa première station mobile de recharge d’hydrogène mobile, la PME fait un pas de plus pour la mobilité décarbonée. L’entreprise savoyarde, basée au Bourget-du-Lac, annonce la mise en production d’une station de recharge d’hydrogène évolutive dont la capacité de distribution de 400 kg pourra être augmentée jusqu’ à 1,3t d’hydrogène par jour, pour suivre la croissance des usages dans la durée de vie des projets. Cette station aura la spécificité de posséder une ou plusieurs bornes de distribution pour recharger simultanément plusieurs véhicules. En parallèle, l’entreprise va déployer des équipes commerciales et techniques en France et en Europe pour accompagner au plus près des territoires les porteurs de projet hydrogène, de la conception à la réalisation et l’exploitation. La station évolutive de grande capacité est disponible en pré-commande dès aujourd’hui pour des premières livraisons début 2023.

3. Les animations du salon

Sur 1 500 m2 en extérieur, les visiteurs ont pu apercevoir dès l’entrée du salon des solutions pour la mobilité (vélo, voiture de course, camion, balayeuse) et des groupes électrogènes. Ces véhicules ou systèmes étaient présentés par PowiDian, GreenGT, H2SYS, EODev, CMAR, e-Néo, H2X-ECOSYSTEMS, RotH2, et ESA-energies SAS.

« La traversée de l’hydrogène » se met en place

Cette aventure d’Antoine Abou qui vise à traverser la France en vélo alimenté en hydrogène a pris vie sur le salon, avec la signature d’une convention de partenariat entre les acteurs impliqués : Verso Energy, Pragma Industries et RotH2. La traversée aura lieu du 13 au 17 juin, avec un départ du Havre et une arrivée à Fos-sur-Mer. Ce sont ainsi 1 000 km qui seront parcourus par un vélo tractant une remorque de 180 kg, et avec dans chaque ville-étape (Rouen, Paris, Orléans, Etrez, Lyon) des rencontres et événements sur le thème de l’hydrogène.  Grâce au partenariat d’ACTED, une récolte de dons sera par ailleurs organisée pour venir en aide au peuple Ukrainien.

Le camion de CATHyOPE en expo

GreenGT proposait des démonstrations dynamiques de son camion à hydrogène. Il s’agit du premier véhicule H2 de 44 tonnes (porteur 26 tonnes et remorque de 18 tonnes) du secteur poids-lourd, développé au sein du projet CATHyOPE (avec les Transports Chabas et Carrefour, soutenu dans le cadre du Plan d’Investissement d’Avenir opéré par l’Ademe). Il faisait ses premiers tours de roues en public, depuis sa présentation à Toulon le 24 mars dernier.

Un camion retrofité à l’hydrogène pour le département de la Vendée

Présenté dès l’entrée d’HyVolution, ce camion-benne a fait sensation. L’intégration a été bien faite et on avait du mal à croire que le poids-lourd avait déjà neuf ans d’âge. C’est en effet un Renault Premium dans son jus, avec le châssis d’origine. E-Neo, qui a retrofité récemment un tracteur agricole pour le groupe Charier, réalise là son premier véhicule homologable. Ce camion-benne a été développé pour le compte du département de la Vendée, qui va s’en servir pour l’entretien des routes. Le camion embarque une pile à combustible de 30 kW (d’origine Plug Power) et 4 réservoirs de 4,2 kg d’hydrogène. Son autonomie est de 350 km. E-Neo poursuit son activité et envisage toujours de s’installer dans une ancienne usine Michelin en 2023. Pour le moment, 5 autres véhicules à hydrogène sont en développement en Vendée.

HyVolution proposait aussi beaucoup de conférences, (50 ateliers à travers les forums 1 et 2, 22 émissions sur le plateau TV). Un certain nombre d’acteurs de haut niveau a pu s’exprimer, dont Mike Horn, Kajsa Ryttberg-Wallgren (H2 Green Steel), Mikaa Mered, (membre du comité de pilotage de la Task Force Hydrogène et enseignant en géopolitique et marchés de l’hydrogène), Adamo Screnci (Hydrogen Europe), Florence Lambert (Genvia), Nicolas Brahy (FiveT Hydrogen et Hy24), Marie-Claire Aoun (Gas for Climate). Autant de contenus relayés sur sa chaîne Youtube.