Une équipe scientifique internationale, impliquant des chercheurs de l’Institut des sciences de la Terre*, vient de découvrir dans l'Est de l'Albanie un réservoir d’hydrogène naturel dans les profondeurs d’une mine de chromite. Une découverte qui ouvre de nouvelles perspectives pour l'exploration.

Il été constaté un dégazage d’hydrogène « remarquablement élevé », d’au moins 200 tonnes par an, et constant depuis au moins 6 ans, dans une mine souterraine de chromite (minerai de chrome) en Albanie. Il s’agit du flux naturel d’hydrogène le plus élevé mesuré à ce jour, rapporte l’équipe du CNRS.  

Laurent Truche, Professeur à l’Université Grenoble Alpes et membre du laboratoire ISTerre, s’est rendu sur place et a pu observer un bassin de drainage transformé en jacuzzi, avec un hydrogène atteignant un niveau de pureté de 84 %. La combinaison de simulations numériques et d’observations in situ a permis de mettre en évidence l’existence d’un réservoir profond situé dans une zone de faille bien identifiée. Et surtout, la découverte « pose les bases de nouveaux modèles d’exploration de l’hydrogène naturel ».  

La mine de chrome de Bulqizë constitue ainsi « un outil scientifique clé pour l’étude du système hydrogène et pour comprendre les conditions de formation et d’accumulation de ce gaz ». Toutefois, le CNRS fait preuve de prudence. « Il est encore trop tôt pour dire si l’hydrogène naturel prendra une place significative dans notre mix énergétique, ou restera une curiosité de niche », précise le communiqué. On peut lire également que « l’hydrogène naturel n’est pas une ressource renouvelable, dans le sens où les vitesses de production sont bien trop lentes par rapport aux besoins énergétiques mondiaux ». En outre, ces environnements géologiques abritent souvent une biosphère profonde et fragile qui prolifère notamment grâce à la présence d’hydrogène, indique encore l’équipe scientifique. 

*ISTerre1 – CNRS/IRD/UGA/Univ. Gustave Eiffel/USMB. Créé en 2011, l’Institut des Sciences de la Terre (ISTerre) réunit environ 280 personnes dont 110 chercheurs et d’enseignants-chercheurs en géologie, géophysique et géochimie de l’académie de Grenoble