L'association a publié un guide sur les bennes à ordures ménagères électriques à hydrogène. Ce document d'une trentaine de pages a été conçu pour aider les collectivités locales dans leur prise de décision.

Réalisé par le cabinet de consultants Element Energy, avec l’aide d’industriels, le groupe de travail France Hydrogène Mobilité a édité un guide sur les bennes à ordures ménagères électriques à hydrogène qui a fait l’objet d’une présentation le 4 mai. Comme l’a indiqué en préambule Valérie Bouillon-Delporte, première vice-Présidente de France Hydrogène et coordinatrice du groupe de travail sur la mobilité, « la dynamique est enclenchée », même si pour le moment la filière est peu développée. « L’offre se structure, la fiabilité et la durabilité des véhicules sont éprouvées dans le cadre des projets pilotes qui d’ores et déjà fournissent un retour d’expérience en conditions réelles d’usage. La production en série et la généralisation de la maintenance sont les prochains chantiers à enclencher », souligne-t-elle. 

A ce jour, il y a 12 000 BOM en circulation en France. En raison de la réglementation, avec les ZFE, ces camions seront amenés à évoluer. Parmi les alternatives : le gaz et l’électrique, mais également la pile à combustible. Par rapport à la batterie, les avantages de l’hydrogène sont multiples. Il y a d’abord une autonomie confortable de 150 à 400 km (selon la quantité de carburant) et une consommation d’énergie qui permet de répondre aux contraintes des longs parcours et des terrains vallonnés. La solution présente un surcoût important par rapport à son équivalent diesel, mais il faut aussi le rapporter au coût total de la collecte et traitement des déchets. 

Du côté de l’offre, il existe quelques sociétés spécialisées (e-Trucks, Hyzon, SEMAT), et des acteurs du retrofit (GCK). Si le guide sur les BOM évoque principalement la pile à combustible, faute d’une offre alternative au moment de la rédaction, il est fait référence au moteur hydrogène par rapport à l’offre retrofit d’ULEMCO (avec un moteur dual fuel Diesel et hydrogène). GCK a évoqué pour sa part les activités de sa filiale Solution F qui travaille sur ce type de moteur. Les premières applications concernent des engins « off road », mais des applications routières sont envisagées. Il a été souligné que l’homologation reste le point le plus délicat.  

Pionnière en France dans ce domaine, avec la première BOM réalisée par le groupe SEMAT, la collectivité Touraine Vallée de l’Indre a pu témoigner, avec une prise de parole d’Alain Esnault, vice-Président en charge de l’hydrogène. Il a d’abord expliqué que sa collectivité avait été sollicitée directement par le projet HECTOR, qui cherchait un lieu d’expérimentation en France. Et dans la mesure où TVI avait mis en place des vélos, des utilitaires et une petite station au sud de Tours, elle cochait toutes les cases. Grâce à ce projet – Hydrogen Waste Collection Vehicles in North West Europe, qui visait à tester 7 BOM à hydrogène en Europe – la communauté de communes a pu bénéficier d’une subvention. Sur un coût de 685 000 euros, 60 % ont été absorbés par cette aide financière. Le choix de TVI s’est porté sur le groupe SEMAT (groupe Zoeller) qui a pu fournir une BOM H2 sur la base d’un camion Mercedes. La BOM, qui avait été commandée en octobre 2019, a pu arriver en 2021. Toutefois, le véhicule a rencontré des problèmes d’homologation en France, car il avait été homologué de façon individuelle en Allemagne, dans le cadre d’un lot de 20 premiers véhicules en Europe. Entre temps, la SEMAT a engagé une homologation européenne qui a permis de lever les obstacles pour les véhicules nouvellement immatriculés. C’est donc une autre benne qui roulera en Touraine, l’homologation étant réglée dans l’hexagone. Précisons que le constructeur a pris ces frais à sa charge. La BOM est équipée de deux piles et embarque 16 kg d’hydrogène stockés à 700 bars. TVI a calculé que les coûts de maintenance annuels sont de 38 000 H.T et que le budget pour l’hydrogène est de 38 000 € par an, sur une base de 9 euros le kg.  

D’autres territoires sont intéressés, comme Dijon Métropole, Le Mans métropole et Vallée Sud-Grand Paris par exemple. D’après les différents projets menés en France par des collectivités, plus de 140 BOM H2 pourraient être déployées d’ici quelques années.