18 mois après la publication de la stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné, le One Ocean Summit qui s’est tenu à Brest les 9, 10 et 11 février marque une nouvelle étape décisive pour notre filière. L’hydrogène renouvelable ou bas carbone est reconnu comme un maillon essentiel de la transition énergétique maritime, qui vise à atteindre la neutralité carbone pour le transport de marchandises international. Ce dernier est responsable de 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, 5 à 10 % des oxydes de soufre (SOx) et 15 à 30 % des oxydes d'azote (NOx).

Cet évènement international voulu par le Président de la République, annoncé au Congrès mondial de la nature à Marseille en septembre dernier, a rassemblé autour de nombreux chefs d’état, des commissaires européens, membres du gouvernement et du parlement, représentants d’organisations internationales, ONG et représentants de la filière maritime. 

Avec un forum dédié au verdissement des navires et un autre à celui des ports, il a fait une large place aux enjeux énergétiques. J’ai eu l’honneur d’être convié au premier pour prendre la parole après la ministre de la Mer Annick Girardin, le secrétaire général de l’Organisation maritime internationale (OMI) Kitack Lim et la commissaire européenne aux transports Adina-Ioana Valean, entouré de plusieurs acteurs clés de la filière parmi lesquels CMA CGM, Air Liquide, Cluster maritime, Bureau Veritas, EDF, TotalEnergies…

Cette intervention et les échanges qui ont suivi nous ont donné l’occasion de revenir sur l’efficacité du mix énergétique du premier navire laboratoire Energy Observer et sur notre retour d’expérience de près de 50 000 milles nautiques parcourus. J’ai pu exposer combien l’hydrogène, l’hydrogène liquide en particulier, et des technologies comme celles développées par EODev (REXH2), sont stratégiques pour tenir les objectifs de décarbonation fixés par l’OMI. Elle a surtout permis de présenter l’ambition et les caractéristiques techniques de notre prochain navire innovant Energy Observer 2, un cargo polyvalent de 120 mètres de long pourvu de 70 tonnes d’hydrogène liquide, forme de stockage permettant d’offrir une densité énergétique volumique acceptable face aux carburants alternatifs proposés tels que le GNL, E-méthanol, Ammoniac. Un navire de transport semi-hauturier de 5000 tonnes de port en lourd avec une autonomie allant jusqu’à 4000 milles nautiques.

Avec ses premiers partenaires institutionnels, technologiques et industriels (Air Liquide, CMA CGM, EODev, AYRO, LMG marin, Bureau Veritas, Cluster maritime et France hydrogène), fort du soutien historique d’entrepreneurs engagés qui nous accompagnent dans tous nos projets et développements, Energy Observer s’attaque désormais aux derniers verrous technologiques tout en mesurant la palette des difficultés, réglementaires notamment. C’est une nouvelle page de l’histoire d’Energy Observer qui s’ouvre sur des applications concrètes qui touchent près du tiers de la flotte mondiale. 

Le Président de la République a salué le 11 février dernier la création, coordonnée par le Cluster Maritime Français, de l’Institut pour la Transition Eco-énergétique du Maritime (TE2M) dont nous faisons partie. Il a félicité la mobilisation de toutes les parties prenantes (partenaires académiques, scientifiques et industriels) pour piloter, mettre en œuvre un programme national structurant et atteindre les objectifs de décarbonation, de réduction des émissions et de respect de la biodiversité, de la filière. 

Il est certain que le rôle de l’hydrogène dans la décarbonation des navires et du transport de marchandises sera d’autant plus central que nous aurons été capables de coopérer à tous les niveaux de la chaîne de valeur, au sein des filières hydrogène et maritime françaises et européennes, dans un dialogue exigeant avec les pouvoirs publics. Pour être en mesure d’apporter des réponses concrètes, nous savons que nous pouvons compter sur la dynamique de la filière hydrogène, sur France Hydrogène dans le cadre des groupes de travail auxquels nous participons activement et sur une volonté politique forte en France comme en Europe, récemment traduite dans le programme France 2030. 

Grâce à la coordination de France Hydrogène, à nous donc de jouer collectif en gardant toujours au cœur de notre action, le défi historique qui est le nôtre en mer comme à terre : décarboner durablement nos économies.