La révolution de l’hydrogène est en marche en Europe. Depuis le début de mon mandat de député européen, j’ai alerté partout sur l’intérêt existant pour nos entreprises de s’inscrire dans la Stratégie hydrogène de l’Union européenne, lancée en juillet 2020 en même temps que l’Alliance européenne de l’hydrogène propre.

Je suis heureux de constater qu’il y a un réel changement dans les mentalités nationales concernant l’hydrogène. D’autant plus que de nombreux états européens ont désormais adopté une stratégie sur l’hydrogène. À cet égard, la France fait figure de leader en Europe, en étant l’un des premiers pays à avoir lancé un plan hydrogène dès 2018.

Dans l’Union européenne, les choses vont également dans le bon sens. L’Europe s’étant engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050, il est donc nécessaire pour cela de décarboner tous les pans de notre société, et particulièrement les secteurs fortement dépendants des énergies fossiles, comme l’industrie et le transport. Aussi, la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui en a découlé, nous ont poussé à nous détourner des hydrocarbures fossiles, notamment russes, beaucoup plus rapidement que prévu. À cet égard, l’hydrogène a un rôle essentiel à jouer.

Le plan adopté pour contrer cette crise de l’énergie, REPowerEU, prévoit notamment de diversifier les approvisionnements en gaz grâce à une production de 15 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable s’ajoutant aux 5,6 millions déjà prévues dans le paquet d’Ajustement à l’objectif 55.

C’est un signal fort grâce auquel de nombreuses mesures concrètes sont prises pour le secteur de l’hydrogène. Je pense notamment à la création de l’Alliance industrielle européenne pour un hydrogène propre qui rassemble tous les acteurs de la chaine de valeur de l’hydrogène et qui permet à la production européenne d’être compétitive à l’échelle mondiale.

Autre élément clé de la stratégie hydrogène : les projets européens d’intérêt commun (PIIEC). Cet instrument permet aux États membres de déroger aux règles d’aides d’État et de faciliter les investissements. Et les résultats sont au rendez-vous : plus de 250 projets dans 20 États membres et 50 milliards d’euros d’investissements privés attendus !

Dans le cadre de mon travail au sein de la commission parlementaire de l’Industrie et de l’Énergie, j’ai participé aux négociations de la révision de la directive sur les énergies renouvelables. Avec ce texte clé, nous avons rehaussé les ambitions de développement des renouvelables, afin qu’il y ait une capacité suffisante en Europe pour produire de l’hydrogène vert. Je me suis particulièrement battu pour que l’offre en hydrogène ne repose pas sur des importations massives : nous devons privilégier une production européenne, notre souveraineté en dépend. Cette directive met aussi en œuvre un cadre commun de garanties d’origine pour l’H2 renouvelable permettant aux utilisateurs finaux de consommer un hydrogène certifié vert ou bas carbone partout dans l’Union européenne.

Nous venons aussi d’adopter au Parlement européen le règlement pour une Industrie Zéro émission nette (NZIA). Je suis fier d’avoir négocié cette loi européenne décisive, qui accélérera la production européenne de technologies propres, dont les technologies relatives aux infrastructures de transport de l’hydrogène et les technologies relatives aux électrolyseurs et aux piles à combustible. Les projets visant à promouvoir ces technologies seront dès lors considérés comme stratégiques et pourront alors bénéficier de procédures administratives simplifiées et d’un accès privilégié aux investissements.

Le texte introduit également un embryon de préférence européenne pour les technologies propres. L’idée est d’être moins naïfs dans nos marchés publics, et d’écarter les offres non-européennes qui poseraient un risque de dépendance trop important, ou qui ne respecteraient pas nos standards de cybersécurité. C’est un pas de plus pour notre souveraineté européenne, et en cela l’hydrogène doit être européen.

A ce titre, je suis convaincu que l’échelle européenne est la plus à même de bâtir une industrie de l’hydrogène capable de relever le défi dans la transition énergétique. Et c’est à travers la législation et les aides financières européennes que nos territoires – comme le Nord Franche-Comté, ma région d’origine où l’on travaille sur l’hydrogène depuis trente ans – connaîtront un nouveau dynamisme de production. Je crois fermement que nous sommes sur la bonne voie, et notamment en France. Grâce au dynamisme de tous les acteurs, nous sommes en train de faire émerger des champions des énergies renouvelables, de l’hydrogène, du biogaz, et de toutes les technologies de décarbonation.

Enfin, pour aider au démarrage du marché de l’hydrogène propre (renouvelable et bas-carbone donc) dans des conditions compétitives, j’ai veillé à ce que les règles d’additionnalité ne s’appliquent pas maintenant (permettant la fabrication d’hydrogène à partir de l’électricité réseau, sans attendre de nouvelles productions). J’ai aussi poussé à la création d’une banque de l’hydrogène, dotée pour l’instant de 3 milliards d’euros, afin de soutenir financièrement la production au kilo d’hydrogène (3 à 4 euros par kilo) afin de se rapprocher des coûts actuels de l’hydrogène gris. La mesure est pour l’instant limitée à l’hydrogène renouvelable.

Comptez sur ma détermination à en faire également profiter l’hydrogène bas-carbone. Tous les types d’hydrogène propre doivent être pris en compte pour atteindre nos objectifs climatiques.

Christophe GRUDLER – Député européen