Une sélection de rapports et études parus aux mois de février-mars, notamment des publications d'Hydrogen Europe, l'Agence internationale de l'énergie, Transport & Environment ...

Le courrier de France Hydrogène et d’une coalition industrielle pour la prise en compte de l’hydrogène bas-carbone dans le calcul des volumes cibles de RFNBOs

France Hydrogène

Alors que la directive révisée sur les énergies renouvelables (RED3), actuellement en cours de négociation en trilogue, va fixer des cibles d’utilisation d’hydrogène renouvelable dans l’industrie (article 22a) et de RFNBOs dans les transports (article 25), le président de France Hydrogène, Philippe Boucly, au nom d’une large coalition industrielle, a envoyé le 10 mars une lettre ouverte aux colégislateurs européens (Commission, Conseil, Parlement). Les cosignataires y appellent à prendre en compte la contribution de l’hydrogène bas-carbone dans le calcul de ces volumes cibles de RFNBOs. Cela passe par l’exclusion du dénominateur [servant à calculer le volume cible de RFNBOs] de l’hydrogène bas-carbone utilisé dans l’industrie et les transports, une proposition qui doit permettre de maintenir un signal fort sur les RFNBOs tout en reconnaissant le rôle de l’hydrogène bas-carbone et en augmentant la cible de décarbonation générale des Etats membres qui feraient le choix de recourir en partie à de l’hydrogène bas-carbone (et non uniquement à des RFNBOs). La coalition, rassemblant 50 signataires, est notamment composée des 5 associations industrielles européennes représentant les consommateurs industriels massifs d’hydrogène décarboné : les engrais (Fertilizers Europe), la chimie (CEFIC), la sidérurgie (EUROFER), les céramiques (Cerame-Unie), et les énergo-intensifs de manière générale (IFIEC).

Rapport sur le rôle de l’ammoniac propre dans le futur système énergétique

Hydrogen Europe

Hydrogen Europe a publié un rapport sur « le rôle de l’ammoniac propre dans le futur système énergétique ». L’association rappelle que l’ammoniac appelle aujourd’hui un tiers de la production européenne d’hydrogène, avec 2,5Mt par an, et que le secteur est responsable à l’échelle mondiale de l’émission annuelle de 500Mt de CO2 (1% des émissions totales). S’il est noté qu’avec les prix du gaz de décembre 2022, et le coût de la tonne de CO2, le seuil d’iso-compétitivité était d’environ 5,4€/kg, il est bien précisé que de tels coûts rendraient la production européenne non compétitive avec des productions extérieures. Il est par ailleurs indiqué que le passage complet à l’utilisation d’hydrogène renouvelable est rendu compliqué car impliquerait une perte de source de CO2, alors même que celui-ci est nécessaire en aval pour convertir l’ammoniac en urée. Au-delà des usages historiques est étudié l’utilisation d’hydrogène pour répondre aux besoins du système énergétique, et de la décarbonation des transports (y compris dans des piles à combustible pour camions).

Rapport sur la demande en matériaux pour les technologies et secteurs stratégiques en Europe

Joint Rearch Centre (JRC)

Le JRC a publié un rapport effectuant une analyse de la chaîne de valeur et des prévisions associées de demande en matériaux pour les technologies jugées stratégiques à l’échelle européenne. 53 chaînes de valeur analysées sont considérées comme critiques, sur 70 au total. Plus l’on remonte le long de la chaîne de la valeur, plus les vulnérabilités apparaissent. Certaines technologies (batteries, photovoltaïque, stockage des données et serveurs, smartphones, tablettes et ordinateurs portables) présentent des vulnérabilités très fortes sur l’intégralité de la chaîne de valeur. Le JRC recommande ainsi d’accélérer sur la diminution de ces vulnérabilités, dépendances, en mobilisant l’ensemble des solutions et « moments » de la chaîne de valeur : extractives, raffinage, recyclage. Il est ainsi souligné l’importance fondamentale de « la recherche sur la substitution, par exemple à travers des matériaux avancés ou des technologies alternatives, ainsi que des innovations se concentrant sur l’utilisation plus efficace des matériaux rares ».

Rapport sur la décarbonation des flottes automobiles

Transport & Environment

L’ONG Transport & Environment a publié un rapport sur le (non)respect des quotas de « verdissement » des flottes professionnelles de plus de 100 véhicules prévus par la loi d’Orientation des mobilités (LOM). Il est ainsi relevé qu’en 2022, « 66 % des entreprises, 64 % des collectivités territoriales et 87 % des administrations de l’État n’ont pas atteint les quotas légaux de verdissement de leurs flottes ». Et de conclure : « Pour T&E France, ces résultats doivent conduire le gouvernement à réviser les politiques d’incitation à la transition électrique des flottes. Il faut exclure les hybrides rechargeables du périmètre de la loi, ces voitures étant largement utilisées comme un outil de verdissement artificiel. Les trajectoires d’électrification doivent par ailleurs être différenciées selon la taille du parc et aller progressivement vers 100 % de véhicules électriques dans le cadre du renouvellement annuel des flottes entre 2027 et 2030. Enfin, l’État doit mieux faire respecter la loi, tout en réhaussant les incitations à l’électrification via une réforme de la fiscalité des véhicules professionnels ».  

Rapport sur la décarbonation de l’aérien

L’Académie des Technologies

L’Académie des technologies a publié un rapport sur « la décarbonation du secteur aérien par la production de carburants durables ». Il est indiqué que « compte tenu de la disponibilité limitée de la biomasse, les besoins croissants en SAF seront assurés par la production de kérosène de synthèse dès la première moitié de la prochaine décennie » et que « la ressource critique devient alors l’électricité bas carbone ». Il est ainsi estimé que « sans requérir de discontinuité majeure dans l’évolution de son mix, la France pourra alors satisfaire ses besoins en SAF jusqu’à 2040, un accroissement important des capacités électrogènes étant nécessaire au-delà ».

Rapport sur le projet de gazoduc EastMed

Green Peace

L’ONG Greenpeace a publié un rapport sur les risques géopolitiques et climatiques liés au projet de gazoduc EastMed, qui doit permettre de transporter du gaz naturel depuis Israël et Chypre, vers la Grèce et l’Italie. Ce gazoduc avait obtenu une dérogation dans le règlement sur les réseaux transeuropéens de transport d’énergie (RTE-E) pour bénéficier du financement européen des Projets d’intérêt commun (PIC), dont le Commission étudie les dossiers actuellement, à condition de prévoir une conversion à 100% à l’hydrogène d’ici 2036. Greenpeace explique que ce projet que ce gazoduc pourrait être responsable annuellement de l’émission de 27 Mt de CO2, et qu’en franchissant des frontières maritimes contestées entre la Turquie et la Grèce, il pourrait augmenter le risque régional de conflit armé. Il est par ailleurs indiqué que l’injection de 20% d’hydrogène dans le gazoduc « doublerait le taux de fuite ».  

Rapport sur le rôle des carburants bas-carbone dans la transition du système électrique

Agence internationale de l’énergie (AIE)

L’AIE a publié un rapport sur « le rôle des carburants bas-carbone dans les transitions vers l’énergie propre du secteur électrique ». L’Agence souligne que l’utilisation de ces carburants est une option à considérer dans les régions ou pays où le parc thermique est encore jeune, ou lorsque la disponibilité locale des ressources énergétiques renouvelables est trop contrainte. Trois chaînes potentielles d’approvisionnement sont ainsi étudiées : l’importation de ces carburants dans une économie avancée (Japon), l’importation d’ammoniac bas-carbone dans une économie émergente (Indonésie), et l’utilisation d’hydrogène bas-carbone produit domestiquement dans une économie émergente (Inde). L’AIE indique que « pour soutenir l’utilisation de carburants bas-carbone dans le secteur électrique, les marchés de l’électricité doivent être reconçus pour rétribuer la flexibilité, les garanties de capacités et autres services rendus au système », et être doublés de mécanismes complémentaires tels que l’établissement d’un prix du carbone.