Alors que l'on attend toujours la mise à jour de la stratégie nationale d'hydrogène, qui était initialement prévue au début de l'été, le gouvernement montre qu'il apporte toujours son soutien.

Dans le Figaro du 29 août, la ministre de la Transition Energétique, Agnès Pannier-Runacher a annoncé la signature d’un décret pour le lancement d’un mécanisme de soutien à la production d’hydrogène décarboné. Le gouvernement va donc allouer 4 milliards d’euros pour les projets les plus vertueux, via des appels d’offres. Dans le détail, ils seront lancés en 2024, 2025 et 2026 pour attribuer des capacités de production, sous forme de tranches de respectivement 150, 250 puis 600 MW. Soit 1.000 MW au total. « Concrètement, les lauréats des appels à projet se verront attribuer une note, fondée à 70 % sur des critères de prix (sur la base d’un ratio euro par tonne de carbone évitée) et à 30 % sur des critères hors prix », peut-on lire dans Le Figaro. Un mécanisme qui a fait ses preuves pour développer l’électricité verte, à partir d’énergies renouvelables. L’objectif est ainsi d’effacer les écarts de prix entre la production d’hydrogène carboné et celle d’hydrogène renouvelable. Les contrats seront signés pour une durée de quinze ans. « Nous avons tout d’abord soutenu la construction d’électrolyseurs ou de piles à combustible et maintenant nous sécurisons la production des opérateurs et nous la rendons compétitive », a ajouté par ailleurs Agnès Pannier-Runacher. 

Deux jours plus tard, la ministre a pu détailler le plan, lors d’une visite à l’usine d’électrolyseurs John Cockerill d’Aspach-Michelbach (Haut-Rhin). Ce dispositif « vise à accompagner les industriels pour acheter les électrolyseurs et pour produire de l’hydrogène décarboné à un coût compétitif, puisque nous compenserons une partie du coût entre le prix de l’hydrogène sans carbone et le prix de l’hydrogène fabriqué à partir d’énergies fossiles », a déclaré Mme Pannier-Runacher. « Cet hydrogène sera utilisé dans différents processus industriels lourds, pour ne plus utiliser des énergies fossiles, que ce soit pour produire de l’acier, de l’aluminium ou des engrais », a-t-elle complété. L’usine John Cockerill d’Aspach-Michelbach « illustre notre politique de réindustrialisation et de décarbonation », a vanté la ministre, puisque « c’est un site lauréat des dispositifs d’accompagnement industriels pour la décarbonation que nous avons lancés depuis 2020 ». « C’est un soutien déterminant, rien de tout ceci n’existerait sans la puissance publique et sans le soutien de l’Etat et des collectivités locales », a assuré Raphael Tilot, directeur général de John Cockerill Hydrogen. « L’annonce (du plan de 4 milliards d’euros) est très positive, c’est un dispositif qui est lisible, les critères sont tout à fait compréhensibles par les industriels donc nous voyons cela d’un très bon oeil », a-t-il complété. « L’Europe avance en parallèle à ce qui se passe ailleurs dans le monde, où cela va parfois encore plus vite, quand on voit ce qui se passe en Europe du Nord ou en Chine. Donc il faut que la France et l’Europe continuent, si possible encore plus vite ». L’usine doit entrer en production en fin d’année et vise, à l’issue d’une phase de montée en puissance de trois ans, une production annuelle d’électrolyseurs pour une puissance équivalente à 1 000 MW, soit 1 GW, faisant d’elle une « giga-factory ». L’usine embauchera à terme près de 300 employés, environ un tiers des recrutements ont déjà eu lieu. Elle a bénéficié d’une subvention de 100 millions. 

Rappelons que le gouvernement français a lancé un vaste plan de soutien à la filière hydrogène portant au total sur 9 milliards d’euros, d’où est issue l’enveloppe de 4 milliards annoncée fin août. Un décret doit paraître prochainement pour fixer les modalités des subventions qui seront accordées aux industriels désireux de décarboner leur production grâce à l’hydrogène (en remplacement du gaz par exemple), aussi bien pour couvrir une partie de l’achat de l’électrolyseur que pour soutenir dans la durée les coûts d’exploitation de ces installations « puisqu’aujourd’hui la production d’hydrogène décarboné coûte plus cher que celle d’hydrogène fossile ». « Nous sommes agnostiques sur la nature de l’électricité qui rentrera dans l’électrolyseur, à condition qu’elle soit bas-carbone, elle peut être d’origine nucléaire ou renouvelable, ce sont les porteurs de projet qui décideront », a ajouté le cabinet.