La société co-fondée par Mike Horn et Mauro Ricci se développe rapidement et va implanter une gigafactory à Belfort. Son directeur général fait le point pour France Hydrogène.

Les choses semblent s’accélérer pour Inocel…  

Oui, nous avions déjà la conviction d’avoir un produit différenciant, avec notre pile de 300 kW, mais c’est le marché qui nous le confirme. Et nous avons des intentions de précommande. Les besoins s’accélèrent et nous avons décidé de lancer une usine de production. Il nous fallait un centre à la bonne taille et les compétences sur place pour démarrer rapidement. Nous n’avions pas la surface à Grenoble. Aussi, nous avons regardé dans plusieurs régions quelles étaient les possibilités et Belfort a été le choix de l’évidence. Il y a sur place un écosystème hydrogène et des sociétés avec lesquelles nous pouvons trouver des synergies. On peut y trouver l’ensemble de la chaîne de valeur. De plus, le territoire a toutes les compétences au niveau de la production et un réseau de sous-traitants. J’ajoute que la région Bourgogne Franche-Comté est très motivée pour susciter un renouveau industriel. Les pouvoirs politiques travaillent main dans la main avec les entreprises et c’est très agréable. Le choix a donc été facile.  

Quel est le calendrier ? 

Dès cet été, on pourra entrer dans le bâtiment et installer une équipe. Nous disposerons d’une ligne de production pour fabriquer des prototypes et des pré-séries. Le démarrage en série est prévu dans le courant du troisième trimestre 2024. Les piles à combustible que nous allons y produire pourront répondre aux besoins de deux secteurs : celui du stationnaire, où les acteurs de petite et moyenne taille veulent aller vite ; puis, celui de la mobilité lourde en 2026. Le premier a l’avantage de présenter moins de contraintes et de pouvoir proposer des systèmes individualisés. Les vrais volumes viendront cependant de la mobilité lourde. Nous prévoyons de produire 30 000 pièces par an en 2030 en fonction de la demande client. A cette échéance, nous aurons créé 700 emplois. Il nous faut déjà recruter 150 personnes dès l’année prochaine avec des profils spécialisés dans l’industrie, les tests et le développement.  

Où en êtes-vous par rapport aux applications dans la mobilité ?  

Nous avons déjà réalisé un premier démonstrateur. C’était dans le cadre du salon Nautique. Nous pouvons également répondre aux besoins du secteur maritime avec un groupe électrogène. Mais, notre premier marché est celui du terrestre, avec à la fois des bus, des camions, mais aussi les engins agricoles, et tout ce qui est véhicule de manutention dans les ports et les aéroports. L’avion n’était pas dans notre scope, mais des acteurs sont intéressés. 

Etes-vous surpris par cet afflux de demandes ? 

On pensait que le « time to market » serait plus long. Mais, en raison du contexte énergétique et de la guerre en Ukraine, tout le monde accélère dans l’hydrogène. Et, encore une fois, nous avons la confirmation par le marché que nos produits sont adaptés. Donc, il faut répondre à la demande plus vite que prévu, avec des volumes dès la période 2024/2025. 

Est-ce que la personnalité de Mike Horn a joué un rôle ?  

Il est évident que c’est un atout. Mike attire les regards et personne ne peut remettre en cause son combat pour le climat. Mais, ce n’est pas le projet d’une seule personne. Il y a aussi Mauro Ricci et toute une équipe, qui va pouvoir exploiter un produit bien pensé et dont la technologie issue du CEA est arrivée à maturité. C’est un tout qui assure notre crédibilité. 

Il y a de plus de plus de compétiteurs. Comment faire la différence ? 

C’est une bonne chose qu’il y ait plus d’acteurs. Certains font des annonces, mais n’ont pas forcément la capacité de développer comme nous une pile de très forte puissance et compacte, que l’on peut intégrer sans faire de modifications structurelles. Nous avons aussi une certaine réactivité. Je précise que notre système permet de se passer des gros packs batteries. C’est notre pile qui permet de générer de l’électricité, avec une gestion logicielle avancée et un contrôle-commande particulier. On peut donc faire l’économie de packs de batteries et des matières premières qui sont associées.  

Vous avez été invités à Choose France. C’est un motif de fierté ? 

Oui, c’était un honneur. Inocel était la seule start-up de l’hydrogène dans le cadre de cet événement lancé par le Président Macron à Versailles. Cet événement a été l’occasion pour la société de présenter ses solutions hydrogène à de nombreux ministres et dirigeants du monde entier, témoignant ainsi du caractère innovant et de la dynamique de l’écosystème français dans les énergies et mobilités décarbonées. Comme vous le voyez, on avance sur différents sujets.