La Commission européenne a présenté le 18 mai le détail de son plan RePowerEU visant à réduire la dépendance européenne aux hydrocarbures russes. L'hydrogène sort gagnant de cette nouvelle donne.

Alors que l’utilisation de 5,6 millions de tonnes (Mt) d’hydrogène renouvelable d’ici 2030 était déjà stimulée par le paquet Fit for 55, Bruxelles a pris la décision d’augmenter de 14 Mt cet objectif. Sur cette consommation totale, 8Mt d’hydrogène se substitueraient à 27 milliards de mètres cubes de gaz naturel importé de Russie, et 3,9Mtep de pétrole russe. Afin d’atteindre ces nouveaux objectifs, 9,6 Mt d’hydrogène renouvelable seront produites au sein de l’Union, tandis que 10 Mt seront importées. Les imports d’hydrogène pur (6Mt) se feraient par pipeline, alors que les imports sous ammoniac (4Mt) se feraient par navires. Trois corridors d’importation sont ainsi ciblés : la mer du Nord (Royaume-Uni et Norvège) ; le sud méditerranéen (avec le Maroc et l’Egypte comme partenaires prioritaires) ; et « dès que les conditions le permettront » avec l’Ukraine.

« Je me félicite de la position de la Commission qui reconnaît le rôle nécessaire de l’électricité nucléaire pour la production d’hydrogène décarboné », a commenté Philippe Boucly, le Président de France Hydrogène. « Cette reconnaissance doit désormais se traduire dans les objectifs fixés, aux côtés de l’hydrogène renouvelable », a-t-il encore dit. Et de souligner : « afin d’atteindre les très ambitieux objectifs affichés, il est également impératif que l’instruction des Projets Importants d’Intérêt Européen Commun se termine au plus vite et qu’un accord soit donné sur le mécanisme de soutien à la production d’hydrogène décarboné, élément majeur pour la prise de décision ».

Dans un article publié sur son site, France Hydrogène donne plus de détails sur ces ambitions revues à la hausse. Ainsi, dans la directive révisée sur les énergies renouvelables (dite RED III), la Commission propose de relever l’objectif de consommation de carburants renouvelables d’origine non biologique dans l’industrie à 75 % (contre 50 % initialement), et dans les transports à 5 % (contre 2,6 % initialement). Les chiffres pourraient même être réhaussés à 78 et 5,7 %. Bruxelles estime que l’hydrogène renouvelable dans l’Union en 2030 servirait avant tout pour la production de chaleur industrielle (3,629 Mt H2), puis en tant que matière première dans l’industrie chimique (3,232 Mt H2), et comme carburant dans les transports (2,319 Mt H2). Les objectifs relevés de production domestique d’hydrogène renouvelable impliquent quant à eux un besoin additionnel en électricité de 500TWh d’ici 2030. La nouvelle donne va conduire à des besoins d’investissements compris entre 335 et 471 milliards d’euros, dont 200 à 300 milliards pour la production additionnelle d’électricité renouvelable. Ces objectifs impliquent également l’installation d’environ 120GW d’électrolyse en Europe d’ici 2030. Enfin, il faudra investir dans les infrastructures liées à l’hydrogène. Entre 28 et 38 milliards d’euros d’investissements dans les canalisations de transport d’hydrogène devraient être mobilisés d’ici 2030, et entre 6 et 11 milliards d’euros pour le stockage d’hydrogène.